"Dévotion" - Récit.

**Nywël** Mer 29 Fév - 21:52

Encore un de mes textes fraîchement écrit. C'est un brouillon que je ne retoucherai pas, parce que je l'ai écrit d'un bloc, sans réfléchir "avec le coeur". Il exprime une partie de mon point de vue concernant la religion. Si vous avez des commentaires c'est sur le texte, pas sur les opinions, merci .

Cela faisait des jours que nous étions parqués dans ces trop étroites cellules comme du bétail, attendant
d'être emmené à l'abattoir. Depuis le début, chaque jour, nous voyions un des musulmans, un de nos geôliers. Après nous avoir -dans la froideur la plus totale- distribué à chacun un peu de pain rassis et une coupelle d'eau, il s'agenouillait devant l'autel qui trônait au centre de la pièce circulaire bordée par nos cellules, priait un moment -sans grande conviction- puis s'en allait dans un silence de mort.
Ce jour là, aucun d'eux n'était encore venu. La lumière du jour qui entrait dans la salle par de fines ouvertures dans les murs s'éclipsait peu à peu, nous laissant deviner le jour qui déclinait tandis que le bruit des coups de feu
ne cessait de résonner à l'extérieur.
Ce jour là, donc, tardivement, arriva une personne bien différente de celles que nous avions l'habitude de voir. Non pas parce que c'était une femme, mais parce que dès qu'elle fut entrée, nous comprîmes qu'elle n'avait rien de commun avec nos autres geôliers.

Elle n'avait ni pain, ni eau à nous offrir. Toutefois le cadeau qu'elle nous fit -involontairement peut être- valait à nos yeux tout les festins du monde. Ses yeux dont je ne saurai oublier le bleu pâle étincelant se posèrent sur nous alors qu'un sourire magnifique se dessinait sur ses lèvres.
Ça n'était pas un sourire moqueur ni même insolent, encore moins un sourire de défi : c'était un sourire empli de compassion, presque de pitié pour nous qui n'avions pas choisi d'être là. Une larme, une unique perle immaculée, roula sur sa joue et vint se perdre sur son cou : une larme d'excuses, peut être, car elle ne pouvait rien pour nous. Puis comme tous les autres avant elle, la femme s'agenouilla.
Elle pria ensuite : pas à voix basse conformément à ses « collègues », mais haut et fort. Elle implorait...Et quelle imploration ! Nous ne comprenions pas la langue arabe dans laquelle elle s'exprimait, mais nos cœurs étaient emplis d'ivresse.
Pourquoi ? Et bien parce que même sans comprendre ses mots, sa voix résonnait en nous. Et sa Foi n'était pas la même que celle qui poussait les Hommes à s’entre-tuer, non. Dans le timbre de sa voix on entendait, on sentait la Dévotion. Elle croyait réellement en son Dieu, mais ça n'était pas pour la guerre de religion qu'elle priait. C'était pour nous, nous et tout ceux qui étaient des victimes de cette guerre incessante.
Notre ivresse venait de là, car croiser chemin d'un cœur dévoué et réellement croyant, clairvoyant et non aveuglé, était réjouissant. Savoir qu'il n'y a pas que les « victimes » qui ont compris que la Foi véritable, pure, ne doit pas pousser à de tels massacres...

Tout ceci apporte l'espoir, et c'est de cet espoir que naquit une nouvelle motivation en nous.